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Le bivouac autour du GR®738: problème ou atout?

Sur les crètes de la montagne d'Arvillard
Sur les crètes de la montagne d'Arvillard

Le tout nouveau GR®738 est déjà un succès, en terme d'image, de notoriété du massif et de fréquentation. Bravo, et tout particulièrement à la petite équipe qui a mené ce projet à bien.

Des randonneurs confirmés sont venus cette année découvrir le nouveau parcours à la mode. mais aussi des familles, de nouveaux randonneurs qui sont venus passer quelques jours dans les refuges et gites de nos montagnes, à la rencontre des lacs et les troupeaux.

Beaucoup ont fait le parcours en portant une tente de bivouac. D'abord par obligation, parce que l'hébergement sur le parcours est insuffisant: il manque une étape en Nord Belledonne à la Perrière (il y a un projet de refuge en cours, pour quand?), le sympathique refuge de la Pierre du Carré ne propose que 15 places et les autres refuges ne sont pas bien grands, en dehors de la Pra. 

 

Mais aussi par choix, par ceux qui préfèrent l'autonomie de la tente de bivouac et la solitude de la nuit en pleine montagne.

 

Faut-il craindre une invasion de bivouaqueurs, qui vont planter leur tente n'importe où, polluer les ruisseaux et déranger les troupeaux? Faut-il réglementer, interdire?

 

Regardons l'expérience de la première année. Des réunions organisées par l'Espace Belledonne ont permis de tirer un premier bilan.

 

Quasiment tous les refuges et hébergements sur le GR accueillent les bivouaqueurs et leur proposent leurs services (boissons, repas, conseils, toilettes). Selon les cas, et en accord avec le berger dans leur secteur, ils organisent le bivouac dans des aires dédiées proches du refuge, ou préfèrent éparpiller les tentes dans l'alpage. C'est selon le terrain et la situation du troupeau. la bonne pratique, c'est d'aller voir le gardien (ou le berger) et de demander où on peut poser sa tente sans déranger. Le randonneur sera heureux de se rafraichir et de se ravitailler au refuge, tout comme le gardien qui a besoin de faire sa saison; et ce sera l'occasion d'échanger, de prendre des infos sur l'itinéraire et de connaitre un peu mieux la vie de ceux qui travaillent dans la montagne: un échange gagnant-gagnant.  Cette itinérance en bivouac autour des refuges a plutôt bien fonctionné cette année.

 

Avec une exception, la Pra. Il serait pourtant logique que la prairie sous le refuge puisse être utilisée en aire de bivouac, comme cela se pratique un peu partout et que l'arrêté municipal incohérent qui l'interdise soit modifié. D'après nos informations, il semble que cette interdiction, qui n'a rien à voir avec la protection des zones humides comme annoncé, est essentiellement un arrangement avec le berger et les gardiens pour éloigner les randonneurs. Aujourd'hui, le gardien indique comme zones de bivouac le haut du col de la Pra ou le lac Longet (dans les deux cas des zones humides, contrairement au bas du refuge!), ce qui garantit que les bivouaqueurs n'iront pas profiter de la bonne nourriture du refuge et déranger les clients. Vous l'avez compris, les randonneurs qui bivouaquent ne sont pas les bienvenus à la Pra. Une anomalie que nous avons déjà signalé à la FFCAM-Isère gérante du refuge et nous espérons qu'elle en tiendra compte.

 

Vallon du Moretan et Périoule
Vallon du Moretan et Périoule

Et comment se passe le bivouac en pleine montagne? Pour le moment, ça se passe bien, on le suppose parce qu'on n'a pas vraiment de visibilité. Vu les grands espaces de Belledonne et le petit nombre de ceux qui portent leur tente, on est loin de la surfréquentation. Le jour où le vallon du Moretan sera surpeuplé, ce n'est pas pour tout de suite. Pour le moment, les pratiquants pratiquent le plaisir du bivouac isolé en toute discrétion.

 

Ce qui pourrait poser un problème à moyen terme, c'est le bivouac sur le parcours du GR entre les refuges. Il n'y a pas partout des terrasses  propices au bivouac et certains espaces plats pourraient (peut-être?)  accueillir une certaine fréquentation, qui pourrait (peut-être?) générer des impacts qui pourraient (peut-être) perturber le milieu naturel ou les troupeaux.  Certains seraient même  prêts à règlementer de suite! Il vaudrait mieux quand même mieux savoir s'il y a un problème avant d'essayer de le résoudre et il y a d'autres façons de le régler que d'interdire.

 

Je fais un rêve:  Belledonne s'est bâti une image de montagne espace de liberté, où se pratique un tourisme doux, dans des petits refuges, des cabanes, des bivouacs. Certains itinéraires sont tracés et balisés, d'autres non, ils se pratiquent en montagne d'aventure, en cherchant son chemin et portant son sac et son autonomie.  Un espace de wilderness et de responsabilité tout proche de Grenoble et Chambéry. Un espace où le bivouac n'est plus une pratique tolérée, mais encouragée.

 

Un rêve, ou un besoin pour les 700 000 citadins qui vivent au pied de Belledonne?

 

 

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