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Quel avenir pour Belledonne?

Quel avenir pour Belledonne? C'était le sujet d'un forum de l'Espace Belledonne le 14 novembre à la Rochette.

 

L'Espace Belledonne avait bien fait les choses. Une centaine de personnes réunies dans la toute nouvelle salle du centre d'animation de la Rochette, une animation dynamique, des échanges conviviaux.

Une occasion de rencontrer des acteurs de la montagne, de tout le territoire de Belledonne, avec des origines et des motivations différentes. Des maires, des forestiers, des pécheurs, des protecteurs de la nature, des géographes,... et quelques randonneurs. L'espace Belledonne permet à ces personnes de se rencontrer, éventuellement d'agir ensemble et c'est très positif.

Pour en savoir plus: http://espacebelledonne.fr/

 

L'objectif du forum, c'était de présenter des scénarios prospectifs sur l'avenir de Belledonne dans 30 ans, et d'y réfléchir ensemble. Et ensuite de décliner des actions plus immédiates.

 

Les scénarios étaient sympathiques et bien présentés: Belledonne pourrait être un territoire de référence pour l'innovation écologique, pour la société collaborative, pour l'autonomie énergétique, pour des activités douces respectueuses de l'environnement.

Pourquoi pas? Toutes ces pistes sont intéressantes, utiles, nécessaires.

 

Mais comment envisager un futur pour Belledonne sans le lier au futur des métropoles des vallées? Je n'étais pas le seul à me faire cette remarque, plusieurs commentaires dans la salle ont insisté sur les liens de la montagne avec les villes qui l'irriguent.

 

Imaginons un instant Belledonne sans Grenoble et Chambéry. Un massif montagneux, difficile d'accès, sans ressources économiques exceptionnelles, sans les station de ski internationales de Tarentaise,  sans les alpages AOP du Beaufortain. Un massif qui vivrait d'un peu d'élevage, des ses forêts et d'un tourisme familial. Il resterait combien d'habitants dans les villages du balcon de Belledonne, sans les rurbains salariés de la vallée et sans les artisans qu'ils font vivre? Il resterait encore des écoles à Revel ou à Theys? Les maisons ne trouveraient plus d'acquéreurs, les terrains à construire se couvriraient de friches, les paysages se fermeraient. Il suffit d'aller dans les vallées difficiles d'accès coté Lauzière ou Villards, ou même plus près à la Ferrière pour se représenter le paysage d'un Belledonne loin des villes. On peut aussi aller dans le Cantal ou dans la vallée de l'Ubaye à la découverte de hameaux abandonnés, trop éloignés d'une activité économique.

 

Peut-on envisager une créativité d'innovation dans Belledonne sans le vivier des labos de Grenoble et Chambéry? Une agriculture en circuits courts sans des salariés rurbains qui achètent? Une vie dynamique dans les villages de Belledonne sans des transports faciles vers la vallée? Un tourisme doux sans s'adapter aux souhaits des clients de la vallée? Quel avenir pour ces villages dans un monde sans voiture ?  Pourra-t-on travailler en délocalisé sur Internet? Faudra-t-il redescendre les habitants en vallée pour les rapprocher des transports en commun?  Sans les rurbains qui habitent les villages et les urbains qui fréquentent la montagne pour les loisirs, qui resterait-il pour faire vivre Belledonne? Serait-ce suffisant pour éviter que la montagne se recouvre de forêts et de friches?

 

Ce ne sont pas des questions simples. Elles peuvent sembler dérangeantes pour certains habitants de Belledonne, qui aimeraient bien organiser leur mode de vie comme ils l'entendent. Qui peut accepter d'entendre que sa qualité de vie dépend en grande partie des choix de ceux d'en bas?

 

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