· 

Prison ferme pour le chasseur de Revel. Ca va changer les pratiques de chasse?

Hier 30 avril, le tribunal correctionnel de Grenoble a reconnu coupable d'homicide involontaire le chassseur de Revel qui était responsable de la mort d'un randonneur le 10 octobre 2015, sur le chemin de la Pliou, au-dessus de Freydières. Le chasseur a été condamné à 3 ans de prison, dont 2 avec sursis.

 

J'étais au procès. L’enquête avait conclu que des règles de sécurité essentielles n'avaient pas été respectées. Si les règles de tir légales (on ne tire pas en direction d'une route) et celles de la fédération de chasse (le tir doit être fichant, vers le bas et avec visibilité du point d'impact potentiel)  avaient été respectées, le jeune Samuel serait toujours en vie et heureux de pratiquer la montagne. Le tribunal a jugé.

 

Pourtant, le chasseur ne comprend pas pourquoi l'accident a eu lieu. Il l'a encore redit hier, il ne pense pas avoir fait de faute. C'est un chasseur confirmé, il avait ses habitudes, il connait parfaitement le terrain, il savait qu'il y avait une route au dessus, mais comme il a tiré dans le talus, son tir aurait dû être sans risque.

 

La fédération de chasse, qui s'était constituée partie civile, a défini des règles strictes: il faut identifier le gibier, identifier où la balle peut arriver, donc avoir la visibilité du point d'impact possible derrière la cible (on ne tire pas à travers un fourré qui pourrait cacher quelqu'un), tirer en tir fichant, vers le bas (donc on ne tire pas vers un gibier au dessus de soi), etc... Des règles strictes, et évidemment contraignantes, en forêt et en montagne, qui limitent considérablement les opportunités de tirs "légaux". C'est le prix de la sécurité, et pour la fédération de chasse, le prix à payer pour pérenniser la cohabitation de la chasse avec les autres activités de loisir. Comme l'a dit hier le procureur dans son réquisitoire, toutes les activités doivent pouvoir cohabiter, mais les seuls à porter un fusil, ce sont les chasseurs et cela leur donne plus d'obligations.

 

En tant que randonneur, je me sentirais un peu plus en sécurité à cohabiter avec des chasseurs si j'avais la certitude que ces règles étaient appliquées. Si le chasseur ne peut tirer que dans une zone ouverte, en ayant vérifié qu'il n'y personne en portée à part le gibier visé, ce serait rassurant.  Mais en pratique? Une zone de visibilité en forêt avec des carabines qui portent à 1000m?  Ces règles derrière lesquelles la fédération de chasse se protège pour afficher sa volonté de cohabiter et fustiger les coupables, sont-elles applicables sans restreindre de façon drastique les pratiques de chasse actuelles? sont-elles diffusées effectivement dans les ACCA locales? Sont-elles acceptées? Sont-elles vérifiées? Quelles sanctions pour ceux qui les enfreignent? Quelles sont les mesures prises par les instances de la chasse pour promouvoir les bonnes pratiques et sanctionner ceux qui s'y soustraient? Pourquoi continuer à tolérer certains comportements de "villages gaulois" qui sont connus et qui perdurent?

 

Hier on a jugé un individu, coupable d'avoir enfreint des règles.

J'aurais aimé que l'on s'intéresse aussi à l'ACCA de Revel.  A-t-elle suffisamment formé ses adhérents et fait respecter les règles de sécurité?

J'aurais aimé que la fédération départementale de chasse assume une partie de responsabilité, au lieu de se défausser comme partie civile.

Et j'aimerais que maintenant, après ce jugement,  les chasseurs de Revel et d'ailleurs se posent la question: comment faut-il modifier mes pratiques de chasse pour pouvoir continuer à chasser en cohabitation avec les autres usagers de la montagne?

 

Ce n'est plus possible de continuer à chasser comme d'habitude, comme avant. Mais ce n'est peut-être qu'un rêve.

 

 

 

 

 

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 2
  • #1

    Thierry (jeudi, 02 mai 2019 14:23)

    Merci

  • #2

    Isabelle (vendredi, 03 mai 2019 07:50)

    Très belle analyse.